Devant l’étendue des enjeux auxquels sont confrontés les noirs sur la surface du globe, la condamnation du blackface, terme tiré de l’histoire états-unienne mais devenu générique pour désigner l’ensemble des pratiques consistant à se « peindre en noir », peut paraître anecdotique. Pourtant, si le blackface n’est qu’une illustration parmi d’autres de la négrophobie, et qu’il y a des choses bien plus urgentes à régler, notamment tout ce qui touche aux différentes luttes pour la souveraineté africaine (contre le Franc CFA, les multinationales etc), ne pas réagir au blackface, ne pas réaffirmer son essence raciste, c’est normaliser la version symbolique d’une déshumanisation historique et hélas toujours actuelle qui va bien au-delà de sa seule pratique.
D’ailleurs, l’insistance de beaucoup de personnages publiques à affirmer qu’il ne s’agit pas de racisme, montre bien qu’à travers ce simple exemple, se rejoue une fois de plus une bataille entre les défenseurs – fussent-ils noirs parfois… – d’un ordre social inégalitaire où l’hégémonie est blanche et ceux qui le contestent, même à travers des faits qui relèvent plus du symbolique. Les litanies contre le supposé « politiquement correct » ont déjà commencé sur les plateaux télés, avec des commentateurs tous blancs – mais qu’importe, une Rama Yade n’aurait sûrement servi à rien… – invités à débattre d’un sujet de la façon la plus biaisée qui soit, à savoir prétendre qu’aujourd’hui « on ne pourrait plus rien dire ». Que tous ces bonnes âmes se rassurent, la suprématie blanche, incarnée par l’Etat français et ses politiques racistes de même qu’impérialistes se portent très bien.
Quoiqu’il en soit, voici donc une tentative d’expliquer en seulement 2 minutes, les raisons pour lesquels le blackface – pratiqué aussi en France, notamment au Carnaval de Dunkerque qui fête ces 50 ans en 2018 – est bel et bien une pratique raciste, contre toutes les tentatives de minimiser voire de nier la violence historique qu’elle porte en elle.
Pour terminer, le site stopblackface.com (d’où sont d’ailleurs tirées les images accompagnant cet article) rend compte de l’activisme de nos frères et soeurs des Pays Bas, qui eux doivent lutter, non pas contre la bêtise d’un type par ci par là, mais contre une fête nationale, généralisée au pays dans lequel ils vivent, et qui est défendue avec un acharnement qui fait flipper. C’est bien avec la plus grande des férocités que cette abomination est défendue dans ce pays : en plus d’argumentations abjectes, il y a même des menaces de mort, des arrestations contre ceux qui luttent contre l’infâme pratique. En 2015, des organisations anti négrophobie basées en France avaient même menées une campagne de solidarité envers la lutte menée au Pays-Bas.
Bref, attaquons-nous à la négrophobie dans toutes ses dimensions : culturelles et économiques !
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